Motion de censure : le Rassemblent National, une fausse opposition ?

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Depuis des années, le Rassemblement National se présente, à l’instar de La France Insoumise, comme le seul parti d’opposition au « Système », prétendant défendre les intérêts des Français face aux compromissions des élites du « bloc central ». Pourtant, une fois de plus, lorsque l’occasion de renverser un gouvernement impopulaire et corrompu se présente, le RN fait le choix de la passivité.

Le 19 février, la motion de censure déposée contre le gouvernement de François Bayrou n’a pas atteint la majorité nécessaire. Un échec qui aurait pu être évité si le RN, fidèle à sa ligne de façade, avait voté en faveur du renversement du Premier ministre. Mais, comme à leur habitude, Marine Le Pen et son groupe ont préféré l’abstention, permettant ainsi au pouvoir en place de se maintenir.

Officiellement, le RN justifie son abstention par une ligne stratégique visant à se poser en alternative crédible et « constructive », rejetant les alliances opportunistes avec la gauche pour renverser le gouvernement. Une rhétorique bien rodée qui masque une réalité plus cynique : le RN n’a jamais réellement cherché à faire tomber un gouvernement en place. À plusieurs reprises déjà, Marine Le Pen et son groupe parlementaire se sont abstenus sur des motions de censure pourtant cruciales.

Le RN joue un rôle d’opposition institutionnalisée, contrôlée, calibrée pour ne jamais déstabiliser le régime qu’il prétend combattre. Il offre aux Français mécontents un exutoire électoral, une voie de contestation sans danger pour le pouvoir, tout en se gardant bien d’aller au bout de ses actes. Cette attitude récurrente révèle une impuissance délibérée, voire une forme de collaboration avec le « bloc central » que le RN critique en public mais ménage en coulisses.

L’affaire Notre-Dame de Bétharram : une raison évidente de censurer Bayrou

Le maintien de François Bayrou est une insulte à la justice et à la transparence politique. Englué dans l’affaire Notre-Dame de Bétharram, un scandale de pédocriminalité étouffé pendant des décennies, impliquant des institutions religieuses et des complicités politiques, Bayrou aurait dû être l’homme à abattre pour toute opposition crédible.

Les révélations sur ce dossier sont d’une gravité extrême. L’affaire concerne des abus sexuels commis sur des mineurs dans des établissements religieux, couverts par une omerta institutionnelle. François Bayrou, en tant qu’ancien maire de Pau et figure influente de la région, est accusé d’avoir entravé la justice et de ne pas avoir pris les mesures nécessaires lorsqu’il avait connaissance des faits.

Dans un État de droit digne de ce nom, de telles accusations auraient suffi à précipiter la chute d’un Premier ministre. Pourtant, non seulement Bayrou reste en place, mais il bénéficie d’un soutien implicite du RN qui refuse systématiquement d’agir lorsqu’une action est requise. En s’abstenant lors de la motion de censure, Marine Le Pen et ses députés ont protégé un homme politique dont la crédibilité est en miettes, laissant le gouvernement en place sans résistance réelle.

Cette posture interroge : comment un parti qui se dit anti-système peut-il se ranger du côté de la continuité politique, même lorsque l’occasion de faire tomber un gouvernement se présente sur un plateau ? Comment peut-il prétendre incarner l’opposition en laissant un Premier ministre empêtré dans un scandale aussi sordide rester au pouvoir sans combattre ?

Le double jeu du Rassemblement National : entre soumission et tromperie

Ce n’est pas la première fois que le RN joue cette carte. Déjà sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen s’était refusée à voter certaines motions de censure, expliquant que le RN voulait se poser en « opposition constructive ». Ce refus de principe de toute alliance, même temporaire, avec d’autres oppositions révèle en réalité une absence de volonté réelle de changer le système.

Cette stratégie se traduit par un affaiblissement des forces d’opposition et une consolidation du pouvoir en place. En refusant systématiquement d’unir ses votes à d’autres formations, le RN assure la survie d’un régime qu’il feint de combattre. Cette tactique, qui consiste à canaliser la colère populaire tout en évitant soigneusement de prendre des mesures radicales, fait du RN non pas un parti révolutionnaire ou de rupture, mais un élément du statu quo.

Ceux qui espèrent voir le RN incarner un réel changement devraient se poser la question : pourquoi un parti censé être antisystème refuse-t-il systématiquement de saisir les opportunités pour renverser le pouvoir en place ? Pourquoi se limite-t-il à des discours de contestation, sans jamais les traduire en actes politiques concrets ?

Une opposition fictive du Rassemblement National pour mieux contrôler la contestation

En définitive, le RN se pose comme une force d’opposition factice, un parti qui joue son rôle d’acteur dans le grand théâtre politique français mais dont l’inaction prouve l’inconsistance. Plutôt que de s’attaquer frontalement au pouvoir, Marine Le Pen et son parti préfèrent entretenir leur image d’opposants tout en assurant la continuité d’un système qu’ils prétendent dénoncer.

Si certains électeurs du RN espéraient un changement radical, il est temps d’ouvrir les yeux : leur parti n’est rien d’autre qu’une opposition contrôlée, un acteur du maintien du statu quo. Loin de préparer l’alternance, il se contente d’être un outil de stabilisation du régime en place, un parti de protestation inoffensif pour les véritables détenteurs du pouvoir.

L’abstention du RN sur cette motion de censure n’est qu’un énième exemple de cette duplicité. Plutôt que d’agir, le parti préfère laisser un gouvernement en crise se maintenir, confirmant une fois encore qu’il n’a ni l’ambition ni l’intention de provoquer le moindre changement réel. Comme le dit Philippe Pascot « la soupe est tellement bonne » qu’on ne voudrait pour rien au monde risquer de perdre son siège au parlement…

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